L'Est-Eclair a écrit :
Yoann Touzghar, l’éclaircie dans le brouillard troyen
Élu joueur du mois d’août par nos lecteurs, Yoann Touzghar espère poursuivre sur sa lancée et contribuer au renouveau d’un club troyen en difficulté.
Touché légèrement au genou, Yoann Touzghar multipliait les soins en ce début de semaine, pour, l’espère-t-il, être rétabli pour la venue, vendredi, de Niort au stade de l’Aube. Après être passé entre les mains du staff médical lundi après-midi, l’attaquant troyen a offert une heure de son temps. Dans le centre-ville de Troyes, entre deux gorgées de Perrier, «Yo» a parlé de lui, de l’équipe, du club ; il a évoqué son nouvel univers, son récent emménagement dans l’agglo, sa passion pour la pêche en mer, pour la chasse sous-marine... et pour la Méditerranée en général, lui qui a grandi près de Cannes.
Très naturel, il n’a pas dû forcer le trait pour convaincre qu’il est un chic type, absolument pas formaté, très loin des clichés du footballeur professionnel ; sans doute parce qu’il a débuté sa carrière sur le tard, à l’âge de 23 ans (avec Amiens). «Ma mère exigeait que je finisse mes études avant de penser au football, dévoile-t-il. J’ai donc obtenu un BTS» avant d’embrayer sur une carrière de footeux.
«Joueur du mois d’août, élu par les lecteurs ? Si je lis peu les journaux et évite les réseaux sociaux... pour me préserver, c’est toujours plaisant d’entendre que le public apprécie ce que l’on fait», souligne-t-il. L’aîné de la famille, qui possède cinq petits frères... tous footballeurs (l’un d’eux joue au Pontet en N3), dit se plaire à Troyes, être tombé dans un club familial, évoluer au sein d’un groupe sain qui «va remonter la pente». «Même si c’est plus facile à dire qu’à faire, je suis confiant. On ne va quand même pas pleurer sur notre sort ? sourit-il. La situation n’est pas catastrophique. On a tous conscience dans l’équipe que l’on peut... et que l’on doit faire mieux. Le club n’est pas à sa place.»
La période du mercato, «longue», est enfin terminée. «Pour le staff, pour le groupe, ce n’était pas évident de vivre avec tant d’incertitudes, de travailler avec un effectif susceptible d’évoluer, pense-t-il. Aujourd’hui, on sait où on va, avec qui. Tout le monde bosse dur pour inverser la tendance. La trêve internationale a, je l’espère, fait du bien. Elle a permis de couper l’hémorragie.»
Yoann Touzghar est satisfait de son mois d’août «à titre personnel», même s’il «aurait pu marquer davantage» et que, «perfectionniste», il «aimerait apporter plus».
Le Franco-Tunisien (international à 5 reprises), efficace avec Amiens, brillant avec Lens, a ensuite tenté l’aventure à l’étranger, au Club Africain («j’avais besoin d’un autre challenge, de vivre une aventure humaine», témoigne-t-il), où il s’est blessé sérieusement au genou.
Depuis, «Yo» cherche à retrouver la forme qui a fait de lui un attaquant redouté en L2 et en L1. «L’endroit où j’ai pris le plus de plaisir, c’est à Lens, dit-il. Je suis à la recherche de ce plaisir.»
À Auxerre puis à Sochaux, il n’a pas été gâté, tombant dans des équipes qui ne proposaient que peu de jeu. «L’Estac a toujours prôné le beau jeu, avance-t-il. Le coach est dans cette lignée. Il nous laisse beaucoup de liberté, nous demande de poser le ballon.»
La mayonnaise n’a pas encore pris. La blessure de Benjamin Nivet n’a rien arrangé.
Avant que le capitaine ne se luxe l’épaule, l’association Nivet-Touzghar avait bien fonctionné, Yo inscrivant deux buts en deux matches. «C’est toujours un plaisir d’avoir un gars, derrière toi, qui te cherche... et qui sait te trouver», plaide-t-il.
Touzghar ne s’arrêtera évidemment pas à un bon mois d’août. Il aspire à mieux, à beaucoup mieux ; et vise haut. «Une saison réussie ? Que le club dispute au moins les barrages au mois de mai prochain. Et que j’aie contribué à la bonne marche de l’équipe.» Il marque un temps d’arrêt, réfléchit... puis reprend : «À titre personnel, je ne me fixe aucun objectif chiffré. J’aimerais marquer le plus possible car un attaquant ne vit qu’à travers les victoires et les buts. Je veux surtout prendre du plaisir. Si j’en prends, c’est que l’équipe tournera et gagnera.»
Ludovic MATTEN
Il ne manque pas d'ambition au moins. Maintenons-nous. Ça sera déjà bien.